INDUSTRIE DE L’EMBALLAGE. Retour des sacs de plastique, suremballage des fruits et légumes, interdiction d’acheter en vrac… en raison des questions d’hygiène et de salubrité en temps de pandémie, plusieurs efforts visant à réduire l’usage du plastique dans le secteur alimentaire ont pris une pause.
«L’industrie a dû réintégrer plusieurs types d’emballage pour assurer la sécurité des consommateurs. Parmi les matières utilisées, le plastique demeure encore l’une des meilleures solutions pour tenir un rôle de barrière et de protection des aliments», indique Bruno Ponsard, directeur de l’Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire (ITEGA) du collège Maisonneuve. Par conséquent, concède-t-il, cette question relance les discussions sur la durabilité et le cycle de vie des emballages alimentaires. Un marché de plus de 300 milliards de dollars (G $) par année, ce qui représente le tiers de la valeur de l’industrie mondiale de l’emballage.
Malgré tout, cet expert est d’avis que la COVID-19 ouvre la porte à de nouvelles possibilités. «Chez nous, à l’ITEGA, nous avons commencé à réfléchir à ce que pourrait ressembler d’éventuels emballages aux caractéristiques antivirales», souligne le chercheur.
La pandémie : un levier pour les affaires
À ce propos, la pandémie sert déjà de levier à l’entreprise TalThi, à Saint-Hyacinthe. Spécialisée dans la distribution et la fabrication d’emballage alimentaire pour le prêt-à-manger et les mets pour emporter, cette entreprise maskoutaine a vu ses revenus grimper de 20 % depuis la mi-mars cette année. Elle a même dû embaucher quatre personnes supplémentaires pour venir en aide à la quinzaine d’employés déjà en place.
Plutôt que de produire des visières, l’entreprise a pris la décision de demeurer dans son domaine d’expertise. «Depuis deux ans, nous souhaitions adopter une stratégie visant à approvisionner les plus petites PME de la province, notamment les restaurants. Avec la pandémie, on a décidé de peser sur la pédale», dit Steven Thibault, président fondateur de TalThi. Au lendemain du confinement, TalThi a fait parvenir plus de 300 ensembles d’échantillons à des restaurateurs dans l’ensemble du Québec. «Au moins sept sur dix ont décidé de s’approvisionner chez nous. Et un sur trois cherche même des solutions personnalisées aux couleurs de leur établissement», raconte Steven Thibault.
Depuis sa création il y a dix ans, cette PME, qui génère plus de 5 millions de dollars (M $) de revenus annuels, propose à sa clientèle des emballages 100 % recyclables. «Dès le départ, nous nous sommes assurés de vendre des produits dont les composants – aluminium, polypropylène no 5 et polytéré- phtalate d’éthylène no 1 – sont recyclables à 100 %, et ce, peu importe les municipalités au Québec», soulève le copropriétaire de l’entreprise.
Initialement, 100 % des produits de TalThi étaient importés de l’Europe et de l’Asie. Cette situation est cependant en voie de changer. «Depuis deux ans, 10 % de la production est réalisée ici. Nous comptons fabriquer localement 20 % de nos emballages d’ici la fin de l’année 2020. L’objectif est de fabriquer 50 % des produits dans notre usine de Saint-Hyacinthe d’ici 2023», indique Steven Thibault.
Par Claudine Hébert, Les affaires, 17 juin 2020